Les racines bibliques de la science moderne

9 septembre 2009 Non Par Bible & Science Diffusion

Une vision chrétienne du monde, et en particulier une pleine compréhension de l’Écriture et de la chute d’Adam, était essentielle pour l’essor de la science moderne.

par Jonathan Sarfati

Ceci est la version pré-publication qui a ensuite été révisée pour paraître dans Creation 32(4):32-36.

Portrait par Godfrey Kneller, Wikipedia.org

Sir Isaac Newton (1643-1727)

Beaucoup d’athéopathes1 et leurs alliés adeptes du compromis dans les églises affirment que la croyance biblique et la science sont des ennemies mortelles. Pourtant, les historiens des sciences, même non-chrétiens, ont souligné que la science moderne a d’abord prospéré sous une vision chrétienne du monde alors qu’elle était morte-née dans d’autres cultures comme la Grèce antique, la Chine et l’Arabie. Le fondement historique de la science moderne dépendait de l’hypothèse que l’Univers a été fait par un Créateur rationnel. Un Univers ordonné n’est parfaitement logique que si il a été fait par un Créateur ordonné (cf. 1 Corinthiens 14:33). Par exemple, l’anthropologue et auteur scientifique évolutionniste Loren Eiseley a déclaré:

“La philosophie de la science expérimentale … a commencé ses découvertes et fit usage de ses méthodes dans la foi, pas la connaissance, qu’elle avait affaire à un Univers rationnel contrôlé par un créateur qui n’agissait pas par caprice, ni n’interférerait avec les forces qu’Il avait mis en mouvement… C’est sûrement l’un des curieux paradoxes de l’histoire que la science, qui a professionnellement peu à voir avec la foi, doit ses origines à un acte de foi que l’Univers peut être rationnellement interprété, et que la science d’aujourd’hui est soutenue par cette hypothèse.”2

Mais si l’athéisme ou le polythéisme sont vrais, alors il est impossible de déduire de ces systèmes de croyance que l’Univers est (ou devrait être) ordonné.

En outre, Genèse 1:28 nous donne la permission d’investiguer la création, contrairement à l’animisme ou au panthéisme qui enseignent que la création elle-même est divine. Et puisque Dieu est souverain, Il était libre de créer à Sa guise. Alors, là où la Bible est silencieuse, la seule façon de savoir comment fonctionne Sa création est d’expérimenter, plutôt que de compter sur les philosophies de l’homme, comme le faisaient les anciens grecs. Il n’est donc pas étonnant que le sociologue et auteur Rodney Stark ait affirmé:

“La science ne fut pas l’œuvre de laïcs occidentaux ou même de déistes; elle fut entièrement l’œuvre de fervents croyants en un Dieu actif, conscient, créateur.”3

En outre, la science exige que nous puissions penser rationnellement, et que les résultats soient rapportés honnêtement, ce qui correspond à plusieurs enseignements contenus dans la Bible, mais qui ne sont pas impliqués par l’évolutionnisme.4

Sciences au Moyen Age

Bien que cette période fut habituellement appelée “l’Âge sombre“, les historiens responsables reconnaissent qu’elle était loin d’être sombre. Au lieu de cela, ce fut une période de grands progrès scientifiques, découlant des schémas de pensée logique des philosophes scolastiques médiévaux de l’Église, et de l’inventivité et ingéniosité mécanique vastes développées dans les monastères. Pas étonnant que cette période ait vu le développement de l’eau et de l’énergie éolienne, des lunettes, de l’architecture magnifique, du haut-fourneau et de l’étrier.5

Un énorme progrès dans la compréhension physique fut le développement par le logicien du 14ème siècle John Buridan de la notion d’élan, essentiellement semblable au concept moderne d’impulsion. Auparavant, les disciples d’Aristote ont fait valoir qu’un objet en mouvement nécessitait une force pour le maintenir en mouvement, mais Buridan proposa:

“…Après avoir quitté le bras du lanceur, le projectile serait mû par une impulsion qui lui serait donné par le lanceur et continuerait à être mu aussi longtemps que l’impulsion demeurait plus forte que la résistance, et serait d’une durée infinie, si elle n’était pas diminuée et corrompue par une force contraire lui résistant ou par quelque chose l’inclinant à un mouvement contraire”.

Ceci est un précurseur de la première loi du mouvement d’Isaac Newton.

Il n’est donc pas étonnant que James Hannam, qui a récemment obtenu un doctorat en histoire des sciences de l’Université de Cambridge, Royaume-Uni, ait souligné:

“Pendant le Moyen Age, l’Église catholique a activement soutenu une grande partie de la science, dont elle a également gardé le contrôle quand la spéculation pouvait empiéter sur la théologie. En outre, et contrairement à la croyance populaire, l’Église n’a jamais soutenu l’idée que la terre était plate, n’a jamais interdit la dissection humaine, n’a jamais interdit le zéro et n’a certainement jamais brûlé personne en raison d’idées scientifiques”.

“En dépit de l’opinion populaire, des clichés journalistiques et des historiens mal informés, des recherches récentes ont montré que le Moyen Age fut une période d’énormes progrès scientifique, technologique et culturel. La boussole, le papier, l’imprimerie, la poudre et les étriers sont tous apparus en Europe occidentale entre 500 apr. J.-C. et 1500 apr. J.-C..”6

Bond scientifique après la Réforme

Alors que l’Europe au Moyen Age avait une vue judéo-chrétienne du monde, il a fallu la Réforme pour retrouver l’autorité biblique spécifique. Avec cela est venu le retour d’une compréhension grammaticale ordinaire ou historique de la Bible, le retour de la compréhension des auteurs du Nouveau Testament et de la plupart des premiers Pères de l’Église. Cela s’est avéré avoir un énorme impact positif sur le développement de la science moderne. C’est si contraire à la (mauvaise) compréhension commune, mais cela est bien documenté par Peter Harrison, un professeur d’histoire et de philosophie à l’Université Bond dans le Queensland, en Australie (et un temps professeur Andreas Idreos de science et de religion à l’Université de Oxford):

“Il est communément supposé que lorsque dans la période moderne des individus ont commencé à regarder le monde d’une manière différente, ils ne pouvaient plus croire ce qu’ils lisaient dans la Bible. Dans ce livre, je suggèrerai que l’inverse est vrai: que lorsqu’au XVIe siècle les gens ont commencé à lire la Bible d’une manière différente, ils se sont trouvés contraints d’abandonner les conceptions traditionnelles du monde.”7

Comme le professeur Harrison l’explique:

“Aussi étrange que cela puisse paraître, la Bible a joué un rôle positif dans le développement de la science. …

Sans l’apparition de l’interprétation littérale de la Bible et l’appropriation subséquente des récits bibliques par les premiers scientifiques modernes, la science moderne pourrait ne pas avoir émergé du tout. En somme, la Bible et son interprétation littérale ont joué un rôle vital dans le développement de la science occidentale.”8

Stephen Snobelen, professeur adjoint d’histoire des sciences et de la technologie, au Collège de l’Université du roi, à Halifax, Canada, écrit dans une veine similaire, et explique aussi le terme quelque peu trompeur “d’interprétation littérale“:

“Voici un dernier paradoxe. Des travaux récents sur la science moderne précoce ont démontré une relation directe (et positive) entre la résurgence de l’exégèse hébraïque, littérale de la Bible dans la Réforme protestante, et l’émergence de la méthode empirique de la science moderne. Je ne parle pas du littéralisme grossier, mais de l’herméneutique littérale historique sophistiquée que Martin Luther et d’autres (y compris Newton) défendaient.”9

Et le professeur Snobelen en explique la raison: les scientifiques ont commencé à étudier la nature de la même façon, qu’ils ont étudié la Bible. C’est-à-dire juste comme ils étudiaient ce que la Bible dit vraiment, plutôt que des philosophies et des traditions imposées de l’extérieur sur elle, ils ont également étudié comment la nature fonctionnait vraiment, plutôt que d’accepter des idées philosophiques sur la façon dont elle devait fonctionner (étendant leurs lectures allégorisantes de l’Écriture au monde naturel8).

“Ce fut, en partie, lorsque cette méthode a été transposée à la science, lorsque les étudiants de la nature sont passé de l’étude de la nature comme symboles, allégories et métaphores à l’observation directe de la nature d’une manière inductive et empirique, que la science moderne est née. En cela, Newton a également joué un rôle central. Aussi étrange que cela puisse paraître, la science aura toujours une dette à l’égard des millénaristes et littéralistes bibliques.”9

La croyance en la chute d’Adam: comment elle a inspiré la science

Image Wikipedia.org

Francis Bacon (1561-1626)

Le prof. Harrison a recherché un autre facteur souvent négligé dans le développement de la science: la croyance en une chute littérale d’un premier homme Adam littéral. Ces scientifiques modernes fondateurs, y compris Francis Bacon, estimèrent que la chute n’avait pas seulement détruit l’innocence de l’homme, mais avait aussi grandement altéré sa connaissance. Le premier problème a été résolu par l’innocent dernier Adam, Jésus-Christ, Son sacrifice a permis de Lui imputer (créditer) notre péché (Ésaïe 53:6), et Sa vie parfaite a permis à Sa justice d’être imputée à ceux qui croient en Lui (2 Corinthiens 5:21). Mais pour récupérer ce qu’ils croyaient être les connaissances encyclopédiques d’Adam, ils ont tourné leur attention vers la science. Harrison explique:

“La nouvelle [sic] lecture littérale des récits de la création dans la Genèse a fourni aux penseurs du 17ème siècle de puissantes images motivantes pour étudier les sciences naturelles.

“On pensait qu’Adam avait possédé une connaissance parfaite de toutes les sciences, une connaissance perdue pour la postérité quand il est tombé en disgrâce et a été expulsé du jardin d’Éden. Le but des scientifiques du 17ème siècle tels que Francis Bacon et ses successeurs dans la Royal Society de Londres était de retrouver la connaissance scientifique du premier homme. En effet, pour ces individus, l’ensemble de l’entreprise scientifique faisait partie intégrante d’une entreprise rédemptrice qui, avec la religion chrétienne, était d’aider à rétablir la race initiale dans sa perfection originelle. Le récit biblique de la création fournit ainsi à ces scientifiques une importante source de motivation, et à une époque encore profondément consacrée au christianisme traditionnel, la nouvelle science devait gagner une légitimité sociale à cause de ces associations religieuses.”8

“Pour de nombreux champions du nouvel apprentissage au XVIIe siècle, la connaissance encyclopédique d’Adam était la référence sur laquelle leurs propres aspirations furent calibrées. …

“L’approche expérimentale, je soutiendrai, fut profondément redevable aux vues augustiniennes concernant les limites de la connaissance humaine dans le sillage de la chute, et en conséquence l’expérimentation inductive put également prétendre à une relation filiale avec la tradition de l’augustinisme.”10

Objection

Certains athéopathes admettent que la science était en effet un enfant du christianisme, mais déclarent maintenant qu’il est temps que la science grandisse et coupe le cordon ombilical. Cependant, nul autre que l’ancienne Premier ministre britannique Margaret Thatcher a répondu à ce type de déclaration:

“Je repense à beaucoup de discussions dans mon enfance quand nous étions tous d’accord que si vous essayiez de prendre les fruits de christianisme sans ses racines, les fruits flétrissent. Et ils ne reviendront pas, sauf si vous nourrissez les racines.

“Mais nous ne devons pas professer la foi chrétienne et aller à l’église parce que nous voulons des réformes et des avantages sociaux ou un meilleur niveau de comportement; mais parce que nous acceptons la sainteté de la vie, la responsabilité qui vient avec la liberté et le sacrifice suprême du Christ si bien exprimé dans l’hymne:

“Quand j’étudie la Croix merveilleuse, sur laquelle le Prince de gloire est mort, mon plus riche gain je le compte comme perte, et considère avec mépris toute ma fierté.”11

Récapitulatif

Les athéopathes dénigrent souvent la Bible, en particulier son récit de la création. Cependant …

La science exige certains présupposés pour fonctionner, et ceux-ci se trouvent dans la Bible.

L’Europe au Moyen-Age, avec sa vision générale du monde chrétienne, a beaucoup progressé en science et en technologie.

La Réforme, qui met l’accent sur l’autorité de l’Écriture et une compréhension historico-grammaticale, a conduit à un grand bond en avant dans la science alors que de telles méthodes furent transposées à l’étude de la nature.

La croyance en un premier homme Adam littéral et sa chute inspirèrent la science comme un moyen de redécouvrir les connaissances qu’Adam avait avant la chute.

Il est vain d’attendre des fruits continus de l’entreprise scientifique, tout en sapant les racines dans le christianisme biblique.

Références

Le misothéiste influent Richard Dawkins appelle souvent la religion théiste un “virus de l’esprit”, ce qui en ferait une sorte de maladie ou pathologie, et les parents qui l’enseignent à leurs enfants, de l’avis de Dawkins, maltraiteraient mentalement leurs enfants. Mais les sortes de critères que Dawkins applique amènent à se demander si son propre antithéisme fanatique lui-même pourrait être une pathologie mentale – d’où le terme, “athéopathe”.

Eiseley, L., Darwin’s Century: Evolution and the Men who Discovered It, Doubleday, Anchor, New York, 1961. 

Stark, R., For the Glory of God: How monotheism led to reformations, science, witch-hunts and the end of slavery, Princeton University Press, 2003; see also review by Williams A., The biblical origins of science, Journal of Creation 18(2):49–52, 2004; creation.com/stark

Sarfati, J., Why does science work at all? Creation 31(3):12–14, 2009.

Carroll, V., and Shiflett, D., Christianity on Trial: Arguments Against Anti-Religious Bigotry, ch. 3, Encounter Books, 2001; see review by Hardaway, B. and Sarfati, J., Countering Christophobia, Journal of Creation 18(3):28–30, 2004; creation.com/trial

See Hannam, J., God’s Philosophers: How the Medieval World Laid the Foundations of Modern Science, 2007; jameshannam.com/

Harrison, P., The Bible, Protestantism and the rise of natural science, Cambridge University Press, 2001; see review by Weinberger, L., Reading the Bible and understanding nature, J. Creation 23(3):21–24, 2009 (in press). 

Harrison, P., The Bible and the rise of science, Australasian Science 23(3):14–15, 2002. 

Snobelen, S., Isaac Newton and Apocalypse Now: a response to Tom Harpur’s “Newton’s strange bedfellows”; Une version plus longue de la lettre a été publiée dans le Toronto Star, le 26 février 2004; isaacnewton.ca/media/Reply_to_

Harrison, P., The Fall of Man and the Foundations of Science, Cambridge University Press, 2007, introduction.

Thatcher, M., Christianity and Wealth, Speech to the Church of Scotland General Assembly, 21 mai 1988. 

Source : http://creation.com/biblical-roots-of-modern-science